Mois #6

Les clefs pour se préparer
à un accouchement sans péridurale

Mois #6

Les clefs pour se préparer
à un accouchement sans péridurale

Accouchement express, contre-indication à l’anesthésie, péridurale latéralisée ou désir d’une naissance la plus physiologique possible… Il existe de nombreux critères qui entrent en jeu et qui peuvent nous amener à vivre un accouchement sans péridurale.

Que ce soit par choix ou par nécessité, comment se préparer à cette éventualité ? Quels sont les meilleurs outils ou méthodes simples pour gérer la douleur à chaque étape, jusqu’à la rencontre avec son bébé ? Les réponses d’Anne Bonini, sage-femme en maternité.

Dans quels cas la péridurale peut-elle être contre-indiquée lors de l’accouchement ?

Les contre-indications sont rares et dépendent souvent des antécédents médicaux de la patiente. La consultation avec l’anesthésiste au dernier trimestre va permettre d’aborder ces sujets.
Les contre-indications les plus courantes concernent les femmes qui ont besoin d’anti-coagulants pendant la grossesse, on organise dans ce cas des fenêtres thérapeutiques, en prévoyant un déclenchement de l’accouchement pendant une période d’arrêt de traitement. Mais si la maman se met en travail spontanément alors qu’elle est sous traitement, la péridurale sera contre-indiquée.

Quelles circonstances le jour de l’accouchement peuvent empêcher la pose d’une péridurale ?

En cas de fièvre au moment du travail on ne posera pas de péridurale.

Peut-on arriver trop tard à la maternité pour avoir recours à la péridurale ?

Il y a plusieurs cas de figure :

– Pour un premier enfant il n’est jamais trop tard, même à dilatation complète, car le temps d’engagement dans le bassin prend alors une à deux heures.
– À partir du deuxième enfant, la dilatation est plus rapide, on pousse moins longtemps, le chemin est « tracé », la phase d’engagement est donc moins longue. On estime alors l’opportunité ou non de poser une péridurale, sachant que le geste prend une quinzaine de minutes, et qu’il faut compter une demi-heure avant que la maman soit soulagée.
– Lorsqu’une maman arrive à dilatation complète sans péridurale il peut y avoir une « poussée impérieuse », c’est une poussée qui nous échappe, le corps qui pousse pour nous, il est alors impossible de poser une péridurale, qui nécessite d’installer et d’immobiliser la patiente.

Il peut y avoir une réaction de panique chez la maman quand on lui explique qu’on n’a plus le temps pour la péridurale, il faut alors l’aider à se ressaisir les yeux dans les yeux, on la rassure en lui disant que son bébé sera là dans moins de deux minutes : la « délivrance » est un terme merveilleux, parce qu’on se sent vraiment délivrée une fois que le bébé est là, on ne se souvient plus de cette poussée impérieuse.

Est-ce que la péridurale peut ne pas fonctionner ?

Les échecs de péridurale sont rares, mais cela existe. S’il n’y a pas d’effet sur la douleur, la seule méthode consiste à poser une nouvelle péridurale, un moment qui n’est pas agréable et que certaines préfèrent ne pas s’imposer une deuxième fois.
La latéralisation est plus fréquente, le positionnement du cathéter légèrement dévié diffuse alors plus de produit d’un côté que de l’autre. Des méthodes existent pour corriger cela : on peut injecter du produit de l’autre côté pour rééquilibrer, et si ça ne marche pas poser une nouvelle péridurale. Mais dans ce laps de temps, il peut se passer deux heures durant lesquelles la patiente peut souffrir. D’où l’intérêt d’avoir des armes pour gérer cette douleur. Il faut en effet avoir en tête que toutes les situations ne peuvent pas être solutionnées en quelques minutes : l’équipe doit procéder à des réglages, attendre de voir ce qui fonctionne, respecter les protocoles et les méthodes de l’hôpital ou de la maternité. Il est important de savoir comment gérer ces phases d’attente qui peuvent être douloureuses. Pour cela, les trois clefs selon moi sont : l’information, la respiration et un état d’esprit positif.
Lire aussi le grand entretien du mois #4 sur la péridurale

Une femme informée arrive moins démunie en salle de naissance, c’est un constat que nous faisons au quotidien.

Les 3 clefs pour accoucher sans péridurale

S’informer

S’informer pour comprendre ce qu’il va se passer et être lucide sur la douleur me paraît essentiel. Dans les salles de naissance, on voit beaucoup de femmes qui ont éludé la question de la douleur, qui s’attendent à ne rien sentir du tout parce qu’elles ont fait le choix de la péridurale.
Il est important de savoir que :
La péridurale n’enlève pas toutes les sensations, l’objectif n’est pas de couper le corps en deux pour paralyser le bas.
– La phase d’attente de la péridurale peut être douloureuse, parce que l’anesthésiste et les sages-femmes ne sont pas toujours disponibles tout de suite.

Une femme informée arrive moins démunie en salle de naissance, c’est un constat que nous faisons au quotidien. Je conseille donc de s’informer sur le déroulement du travail, comment commence-t-il et combien de temps il peut durer, ce qu’est une contraction, les évènements qui peuvent survenir pendant le travail, la césarienne ; il est important de savoir tout ce qui peut arriver.

On peut aussi se renseigner, auprès d’une sage-femme ou de son entourage, sur les sensations que l’on éprouve quand l’enfant s’engage dans le bassin, la sensation de poussée, de compression qui peuvent être vécues douloureusement alors qu’elles ne le sont pas, si l’on s’attend à ne rien sentir. Le bébé appuie sur l’anus, cela est surprenant et inconfortable. Cette descente dans le bassin, on la ressent intensément même avec la péridurale. Tout est vécu différemment si l’on comprend ce qu’il se passe, si on visualise son corps, son bassin, la compression du rectum et de l’anus. Si on imagine la tête du bébé qui descend et qui vient vers nous, si on laisse faire, en écoutant son corps, sans bloquer, sans retenir ces sensations. Tout ce travail de visualisation aide à ouvrir le bassin et à relâcher les muscles. Si l’on sait décrypter l’origine de la sensation, on se laisse faire et on laisse le corps travailler.

Lire aussi l’article du mois #8, sur la physiologie de l’accouchement.

Respirer

La respiration est la clef principale pour gérer la douleur. Une femme qui s’est préparée à la naissance avec des séances de relaxation basique, si elle s’est entraînée et habituée à respirer, parviendra à se déconnecter de sa douleur.

Il existe beaucoup de méthodes aujourd’hui pour gérer la douleur, on peut choisir celle qui nous correspond le mieux : hypnose, sophrologie, chant prénatal… Toutes font la part belle à la respiration, et mènent au même résultat : nous rendre actrices de ce qui va se passer. L’entraînement à ces méthodes est précieux pour se mettre facilement en état de relaxation le jour J. Lorsqu’elles savent se relaxer et respirer, les femmes ne hurlent pas, elles ne s’enferment pas dans leur douleur, elles gardent le contrôle sur elles-mêmes.

Lire aussi l’article du mois #4 : Lexique utile de la préparation à la naissance
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Positiver

C’est ce que nous faisons en permanence dans les salles de naissance lorsque les femmes sont confrontées à la douleur. Comme nous ne pouvons pas être tout le temps à côté d’elles, nous encourageons les conjoints à prendre le relais, ils ont un rôle de pilier auprès de leur femme, en particulier lorsque celle-ci est sans péridurale. Tandis qu’elle sera dans sa bulle et occupée à respirer pour gérer sa douleur, le conjoint sera le relais qui met en application ce qui a été dit et fait pendant la préparation à la naissance, c’est pourquoi il doit être aussi bien préparé qu’elle. En outre c’est lui qui connaît sa femme et qui peut dire si elle perd pied.

Il est utile aussi que les femmes sachent d’elles-mêmes se mettre dans cet état d’esprit positif et à l’écoute de leur corps. Pour cela elles peuvent :
– ressasser des phrases comme des mantras : « Cette contraction n’est pas inutile, elle est là pour mettre au monde mon bébé »,
visualiser chaque contraction (la fameuse image de la vague) : la sentir monter et la voir redescendre, imaginer le col qui s’ouvre, le bébé qui descend, tout cela en supprimant la notion de douleur.

“Lorsque l’esprit est libéré
du stress et de la peur,
la nature est libre d’engager
le processus de la naissance
avec plus de facilité”

Sarah Chauliaguet,
hypnothérapeute

L’Hypno-natal pour un vécu positif de la naissance

L’HypnoNatal® est une méthode douce de relaxation corporelle et mentale associée à des visualisations, des suggestions positives et des métaphores, spécialement créées pour la grossesse et l’accouchement. Cette méthode a été fondée par la psychologue et hypnothérapeute Lise Bartoli. Dans votre programme My Louves, découvrez trois séances d’hypno-natal, avec Sarah Chauliaguet, hypnothérapeute.

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