Mois #10

Allaitement :
nos conseils pour une mise en route sereine

Mois #10

Allaitement :
nos conseils pour une mise en route sereine

Les premières semaines de l’allaitement maternel vont rarement sans questionnements et tâtonnements. Comment aborder sereinement ces moments et faire face aux éventuelles difficultés ?

Voici quelques conseils pour vous sentir prête et en confiance lors de vos premières semaines d’allaitement distillés par Christelle Mossière, doula et consultante en lactation IBCLC.

« L’allaitement est naturel mais pas culturel »

Très nombreuses sont les jeunes mamans qui s’interrogent, voire s’inquiètent de la manière dont leur allaitement va débuter. Rien d’étonnant tant l’enjeu est important (nourrir et donc assurer la survie de son bébé), mais, pour Christelle Mossière, si tant de questions se posent, c’est surtout parce que si l’allaitement est naturel, il n’est pas culturel. C’est pour cela que la transmission du geste et du comportement n’est pas toujours évidente. Et pour cela qu’elle est nécessaire. Pour répondre aux problématiques qui découlent de cet état de fait, un réflexe : aller chercher du soutien. Auprès d’une amie, d’une mère ou d’une sœur expérimentée en la matière, auprès d’une conseillère en lactation ou une sage-femme facilement accessible (par téléphone notamment), à travers des groupes de jeunes mères confrontées aux mêmes problématiques… Car se sentir perdue, avoir le sentiment de recevoir des informations contradictoires, est fréquent et même normal. Si bien que l’on peut avoir le sentiment que l’allaitement est mal engagé, alors qu’en réalité, de petits réglages suffisent dans l’immense majorité des cas. En effet, en dehors de pathologies très précises de la glande mammaire dont on a généralement connaissance avant l’accouchement, rien ne peut réellement empêcher un allaitement de se mettre en route naturellement.

« La mise en route de l’allaitement prend environ deux semaines »

Les premiers jours de l’allaitement sont les plus critiques et ceux durant lesquels on peut avoir le plus de difficultés et le sentiment de ne pas avoir suffisamment de lait. En réalité, le processus physiologique prend environ deux semaines : après le colostrum, vient la montée de lait (entre trois et cinq jours après la naissance) puis la maturation du lait. Le bébé est programmé dès sa venue au monde pour venir très régulièrement au sein. Il vient y chercher la nourriture nourricière mais aussi affective.
Lorsqu’au bout de trois semaines environ, on s’aperçoit que le bébé ne prend pas suffisamment de poids, on peut effectivement s’interroger sur une insuffisance réelle de lactation et en chercher les causes : dans de très rares cas, on détectera une pathologie de la glande mammaire. Mais le plus souvent, il sera plutôt question de stress, de manque de sommeil, d’alimentation ou d’eau. Et, surtout, d’une mauvaise prise en bouche du sein par le bébé, qui rendra sa succion inefficace.

Identifier les causes d’un début d’allaitement difficile

Parmi les problèmes les plus fréquemment rencontrés en début d’allaitement, citons les crevasses. Elles ne sont pour autant pas normales et le plus souvent liées à une mauvaise prise en bouche du sein. Premier réflexe, donc, pour y remédier : observer la position du bébé et la manière dont il place sa bouche. Ses lèvres doivent être retroussées pour lui permettre de prendre largement l’aréole, pour former une ventouse – et au passage lui éviter d’avaler trop d’air lorsqu’il tète.
Pour limiter leur apparition et favoriser une cicatrisation rapide des crevasses, Christelle Mossière conseille de rester, autant que possible, seins nus, afin d’éviter la macération, délétère pour les tissus logiquement stressés par cette activité soudaine et intense. Laisser perler une goutte de lait maternel et l’étaler sur le mamelon accélère la cicatrisation. Placer des coupelles d’allaitement en argent (connu pour ses vertus cicatrisantes, on les trouve facilement en ligne sur Greenweez ou Amazon) est également efficace lorsqu’il n’est pas possible d’être seins nus…

Identifier un frein de langue trop court

L’apparition de ces crevasses et une prise de poids un peu lente peuvent être liées à une anomalie congénitale chez le nourrisson : l’ankyloglossie. Elle concernerait environ 5% des bébés, se définit comme un frein trop court (et/ou trop fibreux donc peu élastique) de la langue et entraîne une succion inadéquate et inefficace. Le remède préconisé : la section du frein à l’aide de ciseaux pointus. Un geste médical sûr s’il est pratiqué par un médecin formé, un dentiste ou un ORL, très rapide et peu invasif, qui ne nécessite pas de points de suture, cicatrise très rapidement et après laquelle il est recommandé de reprendre immédiatement l’allaitement. Celui-ci s’améliore, selon les chiffres de la Leche League, dans 96% des cas. Cette section du frein de langue n’a pas seulement un intérêt pour l’allaitement : l’absence de diagnostic et de prise en charge précoces peut entraîner plus tard, chez l’enfant, des répercussions sur l’articulation du langage, la croissance des mâchoires ou encore l’hygiène bucco-dentaire.

« Installer son cocon pour favoriser la lactation »

Les conditions de l’accouchement, la question de la prise de poids du bébé, parfois obsédante, le sentiment de solitude et l’épuisement, mais aussi le rythme des visites souvent trop soutenu à la maternité et au retour à la maison, sont autant d’éléments qui peuvent bousculer le mental et la physiologie de la jeune maman. Ils peuvent générer un stress important. Or, on le sait, la sécrétion de cortisol (l’hormone du stress) a tendance à limiter la sécrétion des autres hormones, et notamment de la prolactine (qui permet la production du lait). Pour laisser les hormones travailler, il faut privilégier ce cocon, cet espace dont le mammifère a besoin pour déployer pleinement son potentiel, insiste Christelle Mossière.

« L’alimentation et l’hydratation sont au cœur de l’allaitement »

Si les tisanes et autres formes de complémentations à base de plantes telles que le fenouil, le malt ou le fenugrec peuvent aider l’allaitement à se mettre en place dans les meilleures conditions, elles sont loin d’être indispensables, explique Christelle Mossière. La base alimentaire de la mère est déjà là, elle doit se poursuivre normalement. À ceci près, peut-être, qu’au lieu de trois repas par jour, on peut en faire cinq pour fournir au corps, tout au long de la journée, l’énergie dont il a besoin pour fabriquer le lait. L’eau joue bien entendu un rôle majeur, puisqu’elle compose l’essentiel de ce lait. Aux alentours d’un mois de vie de son bébé, une jeune maman produit presque un litre de lait par jour. En plus de l’énergie nécessaire pour s’occuper de son bébé, il faut donc des ressources pour cette fabrication.

« Allaiter et permettre au co-parent de prendre sa place n’a rien de contradictoire »

S’il ne faut pas oublier que c’est la mère qui, en portant l’enfant, crée un rapport charnel très particulier avec ce nouvel être, si c’est elle qui est dotée des glandes mammaires permettant de le nourrir, l’allaitement ne doit en rien empêcher la création d’un lien avec le père (ou le co-parent). Il a d’ailleurs un grand rôle à jouer dans la protection de cette sphère sensible, de ce cocon. Il peut trouver de multiples occasions de créer un lien avec son bébé : le bain, le change, le portage sont autant de moments où les échanges peuvent avoir lieu, les yeux dans les yeux. Le second parent peut aussi être très présent lors des tétées en se plaçant tout près de la mère et de son petit.

« Un bébé allaité fera des nuits complètes plus tard »

Si cette idée reçue est loin d’être systématique (de nombreux bébés allaités dorment toute la nuit – 6 heures d’affilée au moins – dès qu’ils franchissent le seuil des 5 kg), inutile de mentir : un enfant nourrit au lait maternel a tendance à avoir faim plus souvent qu’un bébé nourri au biberon et a donc tendance à dormir un peu moins longtemps. La raison est physiologique : le lait maternel se digère en une heure environ, tandis que pour digérer la protéine du lait de vache, le corps d’un petit homme a besoin de se mettre au repos plus longtemps. On comprend alors qu’allaiter à la demande est donc nécessaire dans les premières semaines de vie d’un bébé.
D’autant que ce bébé qui vient de naître doit s’adapter à un nouvel environnement, se réchauffer, se nourrir, prendre de l’énergie… Il a besoin de l’adulte pour tout cela et pour trouver la sécurité affective : il va venir la chercher instinctivement à travers le contact avec sa mère, son père, l’adulte. Et cela se passe le jour et la nuit, sans distinction pour lui dans les premiers temps.

« Un allaitement serein passe par une reconnexion à sa part sauvage »

Pour limiter les questionnements et les angoisses liées à l’allaitement, pour éviter de se mettre la pression sur la qualité du sommeil, Christelle Mossière suggère aux jeunes mamans d’oser se relier à leur côté animal, à cette part d’elle-même un peu sauvage, mammifère. Objectif : être pleinement présente à son bébé, le rejoindre dans son développement à lui, durant les premiers mois de sa vie.

Quoi qu’il en soit, en cas de doute ou de difficultés, n’hésitez jamais à solliciter l’aide ou les conseils de votre sage-femme, ou d’un autre professionnel de santé au sein de la PMI proche de chez vous et/ou d’une consultante en lactation. Parmi les experts du programme My Louves, vous pouvez contacter Christelle Mossière, Stéphanie de Boüard ou Barbara Van Vlamertynghe.

Parce qu’aucun conseil
n’est de trop pour bien vivre
son allaitement…

Retrouvez votre
guide complet pour allaiter
sur LesLouves.com/allaitement

En podcast : du soutien pour votre allaitement

Lorsqu’on allaite, on n’a rarement les mains libres ni le temps pour lire un livre, voici donc quelques épisodes de podcast pour accompagner votre allaitement, vous informer, vous préparer ou vous rassurer, trouver des réponses à vos questions et faire face aux imprévus.

Confiance et soutien : les clefs pour un allaitement heureux (Parentaise, saison 1 épisode 6)

Mères, hors-série : 3 épisodes pour un allaitement libre et serein